Skip to main content

Des pics glaciers vertigineux raclant le ciel. Une vallée à droite. Au centre, un monticule de terre strié de turquoise intense, de rouge et de jaune d’or. Les couleurs coulent comme une vague si parfaitement que l’on croirait qu’elles ont été peintes par les dieux. Le seul moyen d’atteindre ce coin secret de la terre est le Trek de l’Ausangate.

De notre perchoir, les vents andins soufflent en rafales comme pour empêcher tout mortel de rester trop longtemps dans cet endroit impersonnel. Ce n’est pas un chemin facile, mais les vues sont la récompense de ceux qui relèvent le défi de passer des journées de randonnée par des cols de haute altitude.

C’est un sentier qui traverse une terre imprégnée de légende. Sauvage, isolé, magnifique et surréaliste. Ici, la nature est un dieu. Faites un voyage à cet endroit et vous verrez pourquoi.

AUSANGATE : LA MONTAGNE SACRÉE

Pour le peuple Quechua de la région andine de Cusco, l’Ausangate est un « Apu », une montagne sacrée. Avec ses 6 384 mètres, c’est la plus haute de la région, ce qui en fait le plus sacré de tous les Apus. Les glaciers et la neige des hauts sommets fondent lentement et forment des rivières qui envoient de l’eau aux villages situés en aval. L’eau est synonyme de vie, c’est pourquoi ces montagnes sont  les origines de la vie.

Les pistes qui entourent la montagne ont été utilisées par les Incas comme route de pèlerinage. Ils faisaient ce long voyage pour poser aux Apu des questions sur des problèmes qu’ils n’étaient pas en mesure de résoudre et pour faire des offrandes dans l’espoir que la montagne leur apporterait la bonne fortune.

LA RANDONNÉE SUR LE SENTIER DE L’APU

Il y a plusieurs façons de faire le trekking de l’Ausangate. Nous avons choisi de le faire en 5 jours, en partant de Chillca et en terminant à Trapiche. Le trek couvre une distance d’environ 54 km. Chaque jour, nous nous arrêtons à l’un des quatre pavillons appelés « tambos » construits par les « Andean Lodges » qui sont nichées dans les montagnes.

Ces lodges ne sont pas de simples refuges mais des hébergements de luxe avec salle de bain privée et douches chaudes. Après une longue journée de randonnée, un bon feu de cheminée, un délicieux repas et un lit sont très appréciés.

Depuis Cusco, nous avions déjà fait d’autres randonnées comme l’impressionnante route du Choquequirao. Cette fois, nous avons pris une route dans la Cordillère Vilcanota pour rejoindre le départ du sentier. Après un pique-nique au bord de la route, nous sommes partis à travers une gorge. Un homme pêchait la truite, les enfants rentraient en courant de l’école en se tenant la main et les alpagas broutaient. En passant, quelques « vizcachas » (chinchillas) se sont élancés sur les rochers. Les maisons qui composent la ville de Chillca parsemaient la montagne et plus loin se trouvait le gîte.

Orlando, le gardien qui s’occupe du lodge, nous a accueillis à l’entrée avec un grand sourire et une paire de pantoufles d’alpaga. Il était temps de se reposer pour la nuit. Après le dîner, le gardien et le cuisinier se sont transformés en musiciens et nous ont divertis avec de la musique de style Huayno, populaire dans les Andes péruviennes.

LA CULTURE VIVANTE

La piste que nous avons suivie nous a non seulement transporté dans des paysages incroyables, mais elle a aussi servi de machine à remonter le temps. En cours de route, nous avons rencontré des Quechuas, que l’on croit être des descendants directs des Incas. Ce peuple continue à vivre comme ses ancêtres il y a des siècles, avec très peu d’influences du monde moderne.

Les habitants de cette région sont l’une des rares véritables communautés de bergers qui subsistent dans le monde. Ils élèvent des alpagas et des lamas, en utilisant toutes les parties de l’animal. La laine est utilisée pour les vêtements, les peaux pour les sandales, la viande est consommée et les excréments servent de combustible et d’engrais.

EN REGARDANT DANS LES CIEUX

Les journées étaient consacrées à la randonnée à travers des paysages extrêmes, mais une fois la nuit tombée, la routine était bien différente. Après une douche chaude, nous nous changions et sortions. Les nuits claires, le ciel était illuminé par des millions d’étoiles. La Willkamayu (Voie lactée) s’étendait dans le ciel, créant un chemin direct vers l’Ausangate, que l’on croyait être une connexion cosmique avec l’Apus.

BÉNI PAR LES MONTAGNES

Avant de nous lancer dans l’ascension du col de Palomani, le plus haut du trek à 5 150 mètres, nous avons fait une offrande à Ausangate et lui avons demandé de nous protéger pendant notre voyage. Le processus consiste à collecter des bonbons et des feuilles de coca. Chaque personne prend quatre feuilles de coca et souffle dessus en direction de chaque sommet de montagne tout en pensant à de bonnes choses.

Les feuilles sont ensuite ramassées avec les autres offrandes, puis mises à feu. Si elles brûlent bien, l’Ausangate vous a béni. Sinon, vous êtes tout seul !

Une fois la cérémonie terminée et qu’Ausangate nous a donné sa bénédiction, nous sommes partis. Nous avons grimpé et remonté pour atteindre le col de 5 150 mètres. Bien qu’il soit haut, l’un des meilleurs aspects de ce trek est que les cols sont relativement faciles car on ne gagne que quelques centaines de mètres de verticalité contrairement à d’autres treks que nous avons faits au Pérou comme le trek de Santa Cruz et le circuit de Huayhuash qui sont bien plus rudes.

LES MONTAGNES PEINTES

Le point culminant du trekking de l’Ausangate fut le quatrième jour. Alors que nous grimpions au sommet du col, une montagne est apparue au loin comme je n’en avais jamais vu auparavant. Elle avait des couleurs pastel intenses et un motif en couches.

Quelques heures plus tard, nous nous sommes approchés de la montagne. Notre guide nous a dit de grimper une colline escarpée à proximité pour avoir la meilleure vue de nos vies.

Il était clair que cette vue était la raison pour laquelle nous avions passé quatre jours à faire de la randonnée dans les montagnes. La montagne était juste devant nous, avec sa crête de couleurs qui se prolongeait à l’horizon.

UNE RANDONNÉE HORS DU MONDE

Les splendides vues ne se sont pas arrêtées après avoir passé la montagne colorée. Chaque virage et chaque coin de cette journée a continué à nous étonner.

Nos conseils

Prévoyez suffisamment de jours pour vous acclimater à l’altitude avant d’entamer cet itinéraire. Vous marcherez sur plusieurs cols de plus de 5 000 mètres et dormirez à plus de 4 500 mètres chaque nuit. L’acclimatation est cruciale pour que vous puissiez profiter de cette randonnée. Il est possible de parcourir les sentiers autour de l’Ausangate seul ou en groupe, mais ce ne sont pas les mêmes itinéraires. Cela signifie que les montagnes peintes vous manqueront, ce qui, à notre avis, était la meilleure partie du trek.

Durée du voyage

Il existe de nombreux itinéraires différents qui peuvent être effectués autour de l’Ausangate. L’itinéraire que nous avons fait était de 5 jours, 4 nuits.

Quand y aller

Ce trekking est à apprécier de préférence pendant la saison sèche, d’avril à octobre.

CE QUE NOUS AVONS LE PLUS AIMÉ

Chaque jour, les vues s’améliorent.

Voir les montagnes colorées est une expérience vraiment unique.

Découvrir la culture andine et avoir un guide compétent pour expliquer ses coutumes.

Nous avons pris un itinéraire qu’aucune autre agence ne prend et qui nous a donné un sentiment d’isolement.

Chaque nuit, nous sommes arrivés dans un lodge, où nous avons pris des douches chaudes, des repas chauds et des lits confortables. Un vrai luxe après une longue journée de randonnée.

CE QUE NOUS N’AIMIONS PAS TANT QUE ÇA

– Le temps est très imprévisible, donc s’il fait mauvais, vous ne verrez pas grand chose.

RÉFLEXIONS FINALES

Le trek de l’Ausangate n’est pas seulement une aventure de randonnée mais un voyage dans l’esprit des Andes péruviennes. Les paysages que l’on trouve ici ne ressemblent à aucun autre endroit. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi cet itinéraire est considéré comme l’une des meilleures destinations de rêve en Amérique du Sud.

Partagez avec vos amis :